Le 13 octobre 2022
Cet article a été mis à jour à partir des informations tirées de notre rapport 2022 intitulé Pratiques de divulgation en matière de diversité – La diversité au sein de la direction et des conseils d’administration des sociétés ouvertes canadiennes. Vous pouvez télécharger le rapport complet pour en apprendre davantage.
Chaque secteur d’entreprises canadien possède son lot d’histoires au sujet des femmes pionnières qui ont fait tomber les barrières, surmonté l’adversité et percé le plafond de verre pour réaliser de grandes « premières ». Pour ce qui est de l’état de la diversité, dans le secteur des produits forestiers ou du papier où les femmes, jusqu’en 2017, ne constituaient que 17 % de la main-d’œuvre totale, il est instructif de constater que ces histoires sont racontées aujourd’hui par des femmes qui sont encore en début ou en milieu de carrière.
Considérons, par exemple, Shannon Janzen, vice-présidente, partenariats et durabilité et chef forestière à Western Forest Products. Aujourd’hui âgée d’une quarantaine d’années, Mme Janzen est devenue la première femme chef forestière dans une grande entreprise forestière lorsqu’elle a été nommée à ce poste en 2013. Kate Lindsay, vice-présidente, Durabilité à l’Association des produits forestiers du Canada (AFPC) a connu, quant à elle, une trajectoire plus classique. Lorsqu’elle a commencé sa carrière en foresterie en Colombie-Britannique dans un camp de bûcherons il y a 15 ans, Mme Lindsay était alors la première femme à travailler dans ce camp. Et il y a encore Tanya Wick, qui est devenue en 2014 vice-présidente du personnel et des services de Tolko Industries, une société de produits forestiers privée ayant son siège social en Colombie-Britannique. Tanya Wick a déclaré avoir participé à des événements où certaines personnes pensaient qu’elle était la femme de quelqu’un du secteur, plutôt que de penser qu’elle pouvait être elle-même du secteur.
À tout le moins, il est incontestable que les défenseurs d’une plus grande diversité dans le secteur des produits forestiers et du papier croient que le défi réside dans le fait d’encourager des femmes à saisir les occasions dans ce secteur et à les appuyer lorsqu’elles le font.
Les initiatives à l’échelle du secteur visant à promouvoir l’équité entre les genres et la diversité viennent tout juste d’être mises sur pied. En novembre 2018, l’Institut forestier du Canada (IFC), une association nationale de spécialistes forestiers, en partenariat avec le gouvernement fédéral, a lancé un projet de plan d’action national de promotion de l’équité des genres dans le secteur forestier. Ce projet de trois ans vise à ce que le plan d’action s’achève au début de l’année 2021. Peu après, l’APFC a lancé une campagne « Une place pour toi » pour encourager les femmes à choisir une carrière dans le secteur.
Mais il est encore plus encourageant de constater que les obstacles semblent se lever, du moins au niveau de la haute direction et des administrateurs du secteur. Il y a seulement deux ans, par exemple, l’industrie des produits forestiers et du papier se classait au dernier rang du groupe de sociétés inscrites à la cote de la TSX pour ce qui est du pourcentage total d’administratrices. Aujourd’hui, elle se classe dans la moitié supérieure. Du côté de la haute direction, le pourcentage est même plus élevé.
Les plus récentes données sur la diversité
Selon le rapport intitulé Pratiques de divulgation en matière de diversité 2022, au 31 juillet 2021, les femmes occupaient 24 % des sièges au conseil d’administration dans les sociétés inscrites à la cote de la TSX du secteur des produits forestiers et du papier. Non seulement il s’agit d’une forte augmentation par rapport à 2015 et 2016, alors que les femmes n’occupaient respectivement que 6 % et 5 % des sièges au conseil d’administration, mais ce pourcentage dépasse la moyenne de 22,1 % des sociétés inscrites à la cote de la TSX au milieu de 2021 (614 sociétés ayant fait une divulgation). Le nombre moyen de femmes par conseil d’administration du secteur a connu une hausse semblable, atteignant 2,09 au milieu de 2021 comparativement à 0,44 en 2015. Malgré cette hausse, leur nombre dans les sociétés composant l’indice S&P/TSX 60 était encore plus impressionnant. Les femmes occupaient en moyenne 33,1 % des postes d’administratrices au milieu de l’année 2021 (54 sociétés ayant fait une divulgation), tandis que le nombre moyen d’administratrices par conseil dans ces sociétés était de 3,72.
Répartition du nombre et du pourcentage de femmes siégeant au conseil d’administration en 2022

La situation des femmes dans les postes de haute direction est également solide. À partir du milieu de l’année 2021, 26 % des postes de haute direction dans les sociétés inscrites à la cote de la TSX de l’industrie des produits forestiers et du papier étaient occupés par les femmes, juste derrière le secteur de l’immobilier. Par société, la moyenne était de 3,44. Au fil du temps, les hausses ont été moins spectaculaires en pourcentages, mais beaucoup plus élevées par société. En 2015, le rapport d’Osler a établi un pourcentage comparable (22 %), mais un pourcentage plus faible par société de seulement 1,43. Leur nombre dans les sociétés composant l’indice S&P/TSX 60, en comparaison, était légèrement inférieur : les femmes occupaient en moyenne 22 % des postes de haute direction (50 sociétés ayant fait une divulgation).
Répartition du nombre et du pourcentage de femmes à la haute direction en 2022

Les données compilées par le Conseil canadien pour la diversité administrative [PDF], qui sont fondées uniquement sur les sociétés du FP500, ont révélé que le pourcentage d’administratrices était de 16,4 % en 2018. C’est bien au-dessous de la moyenne globale de 24,5 % en 2018 affichée par les sociétés du FP500, mais en hausse en comparaison des 10,4 % enregistrés en 2015 (remarque : les données sectorielles du Conseil canadien pour la diversité administrative combinent la foresterie avec l’agriculture, la pêche et la chasse). Selon le Conseil canadien pour la diversité administrative, le décompte de femmes dans les postes de haute direction montre qu’elles occupaient 14,8 % de ces postes en 2018, comparativement à 11,9 % en 2016, première année où le Conseil canadien pour la diversité administrative a commencé à compiler des données sur la haute direction.

Pratiques exemplaires et leaders du secteur
Parmi les sociétés canadiennes de ce secteur, Western Forest Products, la société qui a pris une longueur d’avance en nommant Shannon Janzen comme chef forestière en 2013, arrive aujourd’hui en tête. La société n’a établi aucune politique ou aucun objectif écrit en matière de diversité ; cependant, avec Mme Janzen, deux autres femmes occupent des postes de haute direction ou de dirigeantes, représentant ainsi 43 % de la haute direction, alors que trois des sept administrateurs de la société sont également des femmes.
La haute direction de Canfor a signé un engagement en matière de leadership envers la diversité en 2016 ; selon cet engagement, les cadres supérieurs sont chargés de faire avancer la diversité, en fournissant les outils aux employés pour créer une culture inclusive et assurer le suivi des progrès en rendant compte des principaux critères de diversité. En 2017, elle a remanié ses programmes de leadership, y compris ceux destinés à sa haute direction, en ajoutant des modules sur la diversité. De plus en 2018, la société a créé un conseil de diversité parrainé par le chef de la direction. Pour autant, il n’y a encore que deux femmes dans son conseil d’administration composé de 13 membres.
Dans son énoncé de pratiques en matière de gouvernance d’entreprise de 2021 [PDF], Acadian Timber a adopté une politique sur la diversité qui comprend des objectifs visant à ce que les femmes occupent au moins 20 % des sièges du conseil d’administration et 20 % des postes de cadres supérieurs d’ici 2021. À cette époque, l’une des deux personnes occupant un poste de haute direction (50 %) était une femme, ce qui est toujours le cas. Par ailleurs, la société a déjà respecté son engagement relativement à la composition du conseil d’administration en nommant trois femmes sur six membres.
Comparaison mondiale
Cette tendance sectorielle de la sous-représentation des femmes dans les produits forestiers et les pâtes et papiers, qui prévaut toujours au Canada, est tout aussi courante parmi les sociétés américaines, nordiques et autres sociétés internationales de produits forestiers et de papier. Il serait intéressant de surveiller si les hausses récentes dans les postes de cadre supérieur, ici au Canada, respectent ou dépassent les tendances de l’industrie à l’étranger.
Au moment du lancement des travaux de l’IFC concernant le plan d’action national, la directrice générale, Dana Collins, deuxième femme seulement à diriger l’IFC en 110 ans d’histoire, a déclaré qu’elle était optimiste que cela apporterait un « changement culturel nécessaire ». D’après les résultats, nous constatons en lisant le rapport Pratiques de divulgation en matière de diversité 2021 d’Osler, qu’il se peut que cette évolution soit déjà en cours.