Le 13 octobre 2022
Cet article a été mis à jour à partir des informations tirées de notre rapport 2022 intitulé Pratiques de divulgation en matière de diversité – La diversité au sein de la direction et des conseils d’administration des sociétés ouvertes canadiennes. Vous pouvez télécharger le rapport complet pour en apprendre davantage.
La disparité de genre s’établit dans le secteur des sciences de la vie bien avant qu’un candidat qualifié atteigne un poste de haute direction ou occupe un siège au conseil d’administration. Pensons aux parcours scolaires des filles et jeunes femmes. Aux États-Unis, une étude a révélé qu’à l’école intermédiaire, les garçons étaient deux fois plus susceptibles que les filles d’envisager de travailler dans le domaine de l’ingénierie ou des sciences.
Ces chiffres ne changent pas vraiment au collège et à l’université. Catalyst, un organisme sans but lucratif international qui se consacre à la création de « milieux de travail propices à la participation des femmes » a récemment révélé dans un rapport (en anglais seulement) que les femmes au Canada sont moins portées à choisir des professions liées aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques (STIM) et plus susceptibles aussi de les quitter. Par exemple, pour l’année scolaire 2019, seulement un tiers environ (36,4 %) de tous les étudiants titulaires d’un diplôme de niveau postsecondaire dans les disciplines de STIM étaient des femmes. Plus frappant encore : bien que les femmes représentaient plus de 50 % des étudiants inscrits dans des programmes d’études postsecondaires en sciences et en technologies scientifiques au cours de dix dernières années, selon nos recherches, la représentation des femmes au sein de conseils d’administration et de postes de haute direction dans le domaine des sciences de la vie avoisine plutôt les 15 %.
Pouvons-nous entrevoir un avenir plus prometteur?
La situation actuelle n’est pas très encourageante. Toutefois, on observe certains signes indiquant qu’un changement de cap se dessine. Dans une interview de 2020 (en anglais seulement), Karimah Es Sabar, leader du secteur des sciences de la vie au Canada et chef de la direction et associée de Quark Venture LP, a indiqué qu’il y a lieu de faire preuve d’un optimisme prudent, à condition que des mesures soient prises en ce sens.
« Les femmes sont plus nombreuses que jamais dans les domaines des sciences de la vie et des STIM. Je constate donc avec plaisir des progrès continus par rapport à l’époque où j’ai commencé ma carrière dans le secteur », déclare-t-elle. « Il est néanmoins toujours possible de faire mieux. Les femmes forment 52 % de la population mondiale et pourtant, je ne vois pas une telle proportion dans bien des lieux de travail.
Je crois fermement que les sociétés dans les secteurs public et privé devraient constamment s’assurer qu’elles en font assez pour garantir que leurs politiques favorisent l’inclusion active. Je suis par ailleurs préoccupée par le manque flagrant de femmes au sein des conseils d’administration et dans le développement des politiques. Les dirigeants doivent promouvoir leur représentation et la faire progresser dans toute l’organisation. »
Les sociétés et les organisations reconnaissent de plus en plus qu’il existe une disparité dans l’industrie et mettent en place des initiatives pour améliorer le niveau de représentation des femmes et des personnes de couleur dans des postes de haute direction au sein de ces sociétés, notamment :
- Collaboration sur l’équité et la diversité : Le Bureau de développement économique de la ville de Mississauga et la Healthcare Businesswomen’s Association ont créé la Collaboration sur l’équité et la diversité, un consortium d’entreprises du secteur des soins de la santé et des sciences de la vie qui se consacre à la promotion de l’égalité des genres et de la diversité en milieu de travail. En 2021, qui était la première année de la Collaboration, 50 % de ses membres ont déclaré avoir diversifié leurs canaux de recrutement et 50 à 100% du personnel de six entreprises membres ont suivi une formation sur les préjugés. Les priorités du groupe pour 2022 comprennent la mise en place d'opérations stratégiques pour favoriser l'équité, la diversité et l'inclusion, et l'amélioration de la collecte des données démographiques des organisations.
- Ateliers Life Sciences Ontario : En collaboration avec Shift Health, Life Sciences Ontario présente une série d’ateliers visant à élaborer une vision et un plan d’action pour l’inclusion, la diversité, l’équité et l’accessibilité (IDEA) au sein de l’écosystème des sciences de la vie de l’Ontario, ayant pour titre « Building an inclusive life sciences future ».
- Médicaments novateurs Canada : Cette association nationale qui représente le secteur pharmaceutique novateur et ses 48 entreprises membres a établi le Cadre de principes relatifs à la diversité, à l’équité et à l’inclusion, officialisant ainsi ces principes dans quatre domaines principaux : talents, équité en matière de santé, formation et partenariats.
Il convient de noter que ces initiatives en sont encore à leurs débuts. Il reste à voir si elles parviennent réellement à faire évoluer le secteur.
Les plus récentes données sur la diversité
Le rapport d’Osler sur les Pratiques de divulgation en matière de diversité 2022 révèle que le pourcentage d’administratrices de sociétés des sciences de la vie inscrites à la cote de la TSX était de 21 % au milieu de l’année 2022 (par rapport à 17 % en 2021). Ce pourcentage est à peine supérieur à celui du secteur des services énergétiques, de 18 %, qui se situe à la toute fin de la liste. La proportion de femmes siégeant aux conseils d’administration des sociétés des sciences de la vie est nettement inférieure à la moyenne de 25 % pour l’ensemble des sociétés inscrites à la cote de la TSX (selon les données divulguées par 635 sociétés), et plus basse encore par rapport à la moyenne de 36 % calculée pour les conseils d’administration des sociétés de l’indice S&P/TSX 60. Les entreprises du secteur des sciences de la vie ne comptaient que 1,4 femme par conseil d’administration au milieu de l’année 2022, en baisse par rapport à 1,2 en 2021.
Répartition du nombre et du pourcentage d’administratrices en 2022

Au milieu de l’année 2022, le pourcentage de femmes à la haute direction dans le secteur des sciences de la vie était de 16 %, soit un léger changement par rapport à 2020. Ce pourcentage est inférieur à la fois à la moyenne de 20 % des sociétés inscrites à la cote de la TSX (selon les données divulguées par 582 sociétés) et à la moyenne de 24 % des sociétés de l’indice S&P/TSX 60. Le nombre de femmes à la haute direction, par conseil d'administration, était de 1,04 au milieu de l’année 2022.
Répartition du nombre et du pourcentage de femmes à la haute direction en 2022

Évolution des tendances depuis 2015
Les résultats des sondages d’Osler entre 2015 et 2022 permettent de constater que, malgré une amélioration de la représentation au fil des ans – étant passée de 9 % en 2015 à 21 % en 2022 – les femmes demeurent sous-représentées au sein des conseils d’administration dans le secteur des sciences de la vie.
Les progrès sont encore moindres dans les postes de haute direction. En dépit de quelques gains et pertes au fil des ans, nos résultats indiquent que le pourcentage de femmes occupant des postes de haute direction dans les entreprises du secteur des sciences de la vie est constamment inférieur à 20 %, ayant même chuté de 19 % en 2015 à seulement 16 % en 2022.
